
À la veille du scrutin électoral de la Fédération sénégalaise de football (FSF), six candidats sont toujours en lice pour succéder ou prolonger l’ère Augustin Senghor. Entre continuité assumée et promesses de rupture, ce scrutin du 2 août 2025 s’annonce décisif pour l’avenir du football sénégalais.
Après seize ans à la tête de la FSF, Me Augustin Senghor a choisi de briguer un nouveau mandat. Un choix qui cristallise les débats face à une opposition portée par des figures du football local aux discours réformateurs. Gouvernance, financement, professionnalisation des clubs, infrastructures, arbitrage ou encore football amateur et féminin : les thématiques sont nombreuses, les visions divergentes.
Les six candidats toujours en lice
- Me Augustin Senghor – Continuité et stabilité fédérale
Avocat d’affaires et président de l’US Gorée, Senghor mise sur son expérience et ses réseaux pour défendre un projet axé sur la stabilité, la performance sportive comme moteur de croissance, et des investissements ciblés dans les infrastructures (Toubab Dialaw, Guéréo). Il plaide pour un soutien renforcé de l’État au football. - Mady Touré – Gouvernance et formation
Fondateur de Génération Foot, Mady Touré propose un plan en sept axes : gouvernance transparente, autonomisation de la Ligue pro, renforcement du football amateur, formation certifiante, promotion du football féminin, marketing sportif, et inclusion sociale. Il promet de quitter Génération Foot en cas d’élection et de limiter les mandats à trois. - Abdoulaye Fall – Le football comme levier économique
Inspecteur du Trésor et président de l’AS Bambey, Fall veut moderniser la gouvernance avec un organe d’audit indépendant, structurer la DTN, améliorer les infrastructures, valoriser la reconversion des joueurs, et diversifier les sources de financement. - Aliou Goloko – Professionnalisation et arbitrage
Journaliste et candidat indépendant, Goloko prône l’innovation : introduction de la VAR, création d’une maison de l’arbitrage, centre médical pour les clubs, soutien logistique aux clubs engagés en compétitions africaines, et projet de siège fédéral de 11 étages, dont trois pour le football amateur. - Oumar Ndiaye – Football de proximité et rigueur
Défenseur du football amateur, il veut imposer la rigueur financière (obligations salariales des clubs sous peine de relégation), renforcer les moyens des clubs de base, et garantir une répartition équitable des recettes issues des compétitions internationales. - Abdou Thierry Camara dit « Titi Camara » – Innovations financières
Spécialiste du marketing sportif, il propose des « football bonds » et des mécanismes garantis sur la plus-value des transferts pour injecter directement des ressources dans les clubs locaux.
Le mode de scrutin : 517 voix à conquérir
L’élection se déroule sur un seul jour, avec un collège électoral composé de 517 votants :
Clubs professionnels :
Ligue 1 (16 clubs) : 3 voix chacun → 48 voix
Ligue 2 (16 clubs) : 2 voix chacun → 32 voix
Clubs amateurs et districts :
399 entités avec 1 voix chacune → 399 voix
Ligues régionales :
14 ligues × 2 délégués (président + SG) → 28 voix
Groupements affinitaires :
ONCAV (2 voix) + 8 autres groupements (1 voix chacun) → 10 voix
Total : 517 voix
Pour être élu au 1er tour, un candidat devra obtenir les deux tiers des voix, soit 345 voix. Un objectif très difficile à atteindre dans un contexte aussi ouvert. Tout laisse donc présager un second tour décisif, où les voix des candidats éliminés deviendront déterminantes.
Un tournant pour le football sénégalais
Cette élection de la FSF, plus ouverte que jamais, pourrait profondément remodeler l’organisation du football national. Au-delà des discours, ce sont des visions, des méthodes et des alliances qui s’affrontent. Le verdict du 2 août dira si les acteurs du football sénégalais optent pour la continuité ou pour un changement de cap.
